Alain Chartier
17 Ballade O folz des folz, et les folz mortelz hommes, Qui vous fiez tant és biens de fortune! En celle
terre, és pays où nous sommes, Y avez vous de chose propre aucune? Vous n'y avez chose vostre nes-
une Fors les beaulx dons de grace et de nature. Se Fortune donc, par case d'adventure, Vous toult les
biens que vostre vous tenez, Tort ne vous fait, ainçois vous fait droicture, Car vous n'aviez riens quand
vous fustes nez. Ne laissez plus le dormir à grans sommes En vostre lict, par nuit obscure et brune, Pour acquester richesses
a grans sommes, Ne convoitez choses dessoubs la lune, Ne de Paris jusques à Pampelune, Fors ce qui
fault, sans plus, à creature Pour recouvrer sa simple nourriture; Suffise vous d'estre bien renommez, Et
d'emporter bon loz en sepulture: Car vous n'aviez riens quand vous fustes nez.
Les joyeulx fruicts des arbres, et les pommes, Au temps que fut toute chose commune, Le beau miel,
les glandes et les gommes Souffisoient bien à chascun et chascune. Et pour ce fut sans noise et sans
rancune. Soyez contens des chaulx et des froidures, Et me prenez Fortune doulce et seure. Pour vos
pertes, griesve dueil n'en menez, Fors à raison, à point, et à mesure, Car vous n'aviez riens quand vous
fustes nez.
Se fortune vous fait aucune injure, C'est de son droit, jà ne l'en reprenez, Et perdissiez jusques à la vesture: Car
vous n'aviez riens quand vous fustes nez.
[See Notes]
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By PanEris
using Melati.
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