101 Avril AVRIL, l'honneur et des bois
Et des mois:
Avril, la douce espérance
Des fruicts qui sous le coton
Du
bouton
Nourissent leur jeune enfance. Avril, l'honneur des prez verds,
Jaunes, pers,
Qui d'une humeur bigarrée
Emaillent de mille fleurs
De couleurs,
Leur
parure diaprée.
Avril, l'honneur des soupirs
Des Zéphyrs,
Qui sous le vent de leur aelle
Dressent encor és forests
Des doux
rets,
Pour ravir Flore la belle.
Avril, c'est ta douce main
Qui du sein
De la nature desserre
Une moisson de senteurs,
Et de fleurs,
Embasmant
l'Air et la Terre.
Avril, l'honneur verdissant,
Florissant
Sur les tresses blondelettes
De ma Dame et de son sein,
Tousjours
plein
De mille et mille fleurettes.
Avril, la grace, et le ris
De Cypris,
Le flair et la douce haleine:
Avril, le parfum des Dieux,
Qui des cieux
Sentent
l'odeur de la plaine.
C'est toy courtois et gentil,
Qui d'exil
Retires ces passagéres,
Ces arondelles qui vont,
Et qui sont
Du printemps
les messagéres.
L'aubespine et l'aiglantin,
Et le thym,
L'oeillet, le lis et les roses
En ceste belle saison,
A foison,
Monstrent
leurs robes écloses.
Le gentil rossignolet,
Doucelet,
Découpe dessous l'ombrage
Mille fredons babillars,
Frétillars,
Au doux chant
de son ramage.
C'est à ton heureux retour
Que l'amour
Souffle à doucettes haleines,
Un feu croupi et couvert,
Que l'hyver
Receloit
dedans nos veines.
Tu vois en ce temps nouveáu
L'essaim beau
De ces pillardes avettes
Volleter de fleur en fleur,
Pour l'odeur
Qu'ils
mussent en leurs cuissettes.
May vantera ses fraischeurs,
Ses fruicts meurs,
Et sa feconde rosée,
La manne et le sucre doux,
Le miel
roux,
Dont sa grace est arrosée.
Mais moy je donne ma voix
A ce mois,
Qui prend le surnom de celle
Qui de l'escumeuse mer
Veit germer
Sa
naissance maternelle.