Ponce-Denis Écouchard Lebrun

194   Arion QUEL est ce navire perfide
Où l'impitoyable Euménide
A soufflé d'horribles complots?
J'entends les cris d'une victime
Que la main sanglante du crime
Va précipiter dans les flots.

Arrêtez, pirates avares!
Durs nochers, que vos mains barbares
D'Arion respectent les jours!
Arrêtez! écoutez sa lyre:
Il chante! et du liquide empire
Un dauphin vole à son secours.

Il chante! et sa lyre fidèle
Du glaive qui brille autour d'elle
Charme les coups impétueux,
Tandis que le monstre en silence
Sous le demi-dieu qui s'élance
Courbe son flanc respectueux.

Le voilà, tel qu'un char docile,
Qui l'emporte d'un cours agile
Sur la plaine immense des mers!
Et du fond des grottes humides
Arion voit les Néréides
Courir en foule à ses concerts.

O merveilles de l'harmonie!
L'onde orageuse est aplanie,
Le ciel devient riant et pur,
Un doux calme enchaîne Borée,
Les palais flottants de Nérée
Brillent d'un immobile azur.

Jeune Arion, bannis la crainte;
Aborde aux rives de Corinthe:
Périandre est digne de toi.
Minerve aime ce doux rivage;
Et tes yeux y verront un sage
Assis sur le trône d'un roi.


195   Sur une Dame Poète Églé, belle et poète, a deux petits travers:
Elle fait son visage, et ne fait pas ses vers.

196   Dialogue entre un pauvre Poète et l'Auteur

ON vient de me voler! -- Que je plains ton malheur!
--Tousmesversmanuscrits!-- Quejeplainslevoleur!

  By PanEris using Melati.

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