le daim! chasse la biche, Cours dans les bois, cours dans la friche, Voici le soir. Chasse le czar,
chasse l'Autriche, Ô chasseur noir!
Les feuilles des bois --
Souffle
en ton cor, boucle ta guêtre, Chasse les cerfs qui viennent paître Près du manoir. Chasse le roi, chasse
le prêtre, Ô chasseur noir!
Les feuilles des bois --
Il
tonne, il pleut, c'est le déluge. Le renard fuit, pas de refuge Et pas d'espoir! Chasse l'espion, chasse le
juge, Ô chasseur noir!
Les feuilles des bois --
Tous
les démons de Saint-Antoine Bondissent dans la folle avoine Sans t'émouvoir; Chasse l'abbé, chasse le
moine, Ô chasseur noir!
Les feuilles des bois --
Chasse
les ours! ta meute jappe. Que pas un sanglier n'échappe. Fais ton devoir! Chasse César, chasse le
pape, Ô chasseur noir!
Les feuilles des bois --
Le
loup de ton sentier s'écarte. Que ta meute à sa suite parte! Cours! fais-le choir! Chasse le brigand Bonaparte, Ô
chasseur noir!
Les feuilles des bois, du vent remuées, Tombent ... on dirait Que le sabbat sombre aux rauques huées A fui
la forêt; Le clair chant du coq perce les nuées; Ciel! l'aube apparaît!
Tout
reprend sa force première. Tu redeviens la France altière Si belle à voir, L'ange blanc vêtu de lumière, Ô chasseur
noir!
Les feuilles des bois, du vent remuées, Tombent ... on dirait Que le sabbat sombre aux rauques huées A
fui la forêt; Le clair chant du coq perce les nuées; Ciel! l'aube apparaît!
245 L'Enfance L'ENFANT chantait; la
mère au lit, exténuée, Agonisait, beau front dans l'ombre se penchant; La mort au-dessus d'elle errait dans la
nuée; Et j'écoutais ce râle, et j'entendais ce chant. L'enfant avait cinq ans, et près de la fenêtre Ses rires et ses jeux faisaient un charmant bruit; Et la mère, à côté
de ce pauvre doux être Qui chantait tout le jour, toussait toute la nuit.
La mère alla dormir sous les dalles du cloître; Et le petit enfant se remit à chanter. -- La douleur est un fruit; Dieu
ne le fait pas croître Sur la branche trop faible encor pour le porter.
246 Elle avait pris ce pli ... ELLE avait pris ce pli dans son âge enfantin De venir dans ma chambre un
peu chaque matin. Je l'attendais ainsi qu'un rayon qu'on espère; Elle entrait, et disait: Bonjour, mon petit
père! Prenait ma plume, ouvrait mes livres, s'asseyait Sur mon lit, dérangeait mes papiers, et riait, Puis soudain
s'en allait comme un oiseau qui passe. Alors, je reprenais, la tête un peu moins lasse, Mon oeuvre interrompue,
et, tout en écrivant, Parmi mes manuscrits je rencontrais souvent Quelque arabesque folle et qu'elle avait
tracée, Et mainte page blanche entre ses mains froissée, Où, je ne sais comment, venaient mes plus doux
vers. Elle aimait Dieu, les fleurs, les astres, les prés verts, Et c'était un esprit avant d'être une femme. Son
regard reflétait la clarté de son âme, Elle me consultait sur tout à tous moments. Oh! que de soirs d'hiver
radieux et charmants, Passés à raisonner langue, histoire et grammaire, Mes quatre enfants groupés sur
mes genoux, leur mère Tout près, quelques amis causant au coin du feu! J'appelais cette vie être content de
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By PanEris
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