âme
et d'un heureux destin D'expirer comme toi pour un amour divin!
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272 Chanson de Fortunio SI vous croyez que je vais dire Qui j'ose aimer, Je ne saurais, pour un empire, Vous
la nommer. Nous allons chanter à la ronde, Si vous voulez, Que je l'adore et qu'elle est blonde Comme les blés.
Je fais ce que sa fantaisie Veut m'ordonner, Et je puis, s'il lui faut ma vie, La lui donner.
Du mal qu'une amour ignorée Nous fait souffrir, J'en porte l'âme déchirée Jusqu'à mourir.
Mais j'aime trop pour que je die Qui j'ose aimer, Et je veux mourir pour ma mie Sans la nommer.
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273 La Nuit d'Octobre
LEPOÈTELE mal dont j'ai souffert s'est enfui comme un rêve; Je n'en puis comparer le lointain souvenir Qu'à ces
brouillards légers que l'aurore soulève, Et qu'avec la rosée on voit s'évanouir.
LA MUSE
Qu'aviez-vous donc, ô mon poète? Et quelle est la peine secrète Qui de moi vous a séparé? Hélas! je m'en ressens
encore, Quel est donc ce mal que j'ignore Et dont j'ai si longtemps pleuré?
LE POÈTEC'était un mal vulgaire et bien connu des hommes; Mais lorsque nous avons quelque ennui
dans le coeur, Nous nous imaginons, pauvres fous que nous sommes, Que personne avant nous n'a
senti la douleur.
LA MUSE
Il n'est de vulgaire chagrin Que celui d'une âme vulgaire. Ami, que ce triste mystère S'échappe aujourd'hui
de ton sein. Crois-moi, parle avec confiance; Le sévère dieu du silence Est un des frères de la Mort; En se
plaignant, on se console, Et quelquefois une parole Nous a délivrés d'un remord.
LE POÈTES'il fallait maintenant parler de ma souffrance, Je ne sais trop quel nom elle devrait porter, Si
c'est amour, folie, orgueil, expérience, Ni si personne au monde en pourrait profiter. Je veux bien toutefois
t'en raconter l'histoire, Puisque nous voilà seuls, assis près du foyer. Prends cette lyre, approche, et laisse
ma mémoire Au son de tes accords document s'éveiller.
LA MUSE
Avant de me dire ta peine, O poète! en es-tu guéri? Songe qu'il t'en faut aujourd'hui Parler sans amour et
sans haine. S'il te souvient que j'ai reçu Le doux nom de consolatrice, Ne fais pas de moi la complice Des
passions qui t'ont perdu.
LE POÈTEJe suis si bien guéri de cette maladie Que j'en doute parfois lorsque j'y veux songer, Et quand
je pense aux lieux où j'ai risqué ma vie, J'y crois voir à ma place un visage étranger. Muse, sois donc sans
crainte; au souffle qui t'inspire Nous pouvons sans péril tous deux nous confier. Il est doux de pleurer, il est
doux de sourire Au souvenir des maux qu'on pourrait oublier.
LA MUSE
Comme une mère vigilante Au berceau d'un fils bien-aimé, Ainsi je me penche tremblante Sur ce coeur qui
m'était fermé. Parle, ami, -- ma lyre attentive D'une note faible et plaintive Suit déjà l'accent de ta voix, Et dans
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By PanEris
using Melati.
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